
Tout a commencé à Aubure…
J’ai commencé ma vie à Aubure. Dans ses forêts, ses chemins, la cour de son école et parmi les habitant·e·s du village. J’y ai rencontré des amis que je garderai toute ma vie. C’est aussi à Aubure, dans la salle polyvalente, que j’ai connu mes premiers pas d’acteur grâce aux cours de Françoise Garranger. Plus tard, avec notre bande d’ami·e·s nous avons réalisé des films pendant plusieurs étés. J’ai grandi dans ce petit village qui, malgré sa taille, n’a jamais laissé tomber ma soif de culture. Je voulais tout faire, réaliser des films, être un grand acteur, me glisser dans la peau de grands personnages historiques ou fictionnels et je n’étais pas le seul. Toute notre bande, avec nos familles, avec nos amis, nous nous organisions toujours pour donner vie à nos rêves d’enfants.
Des rêves qui m’ont peu à peu conduit à devenir aujourd’hui acteur et metteur en scène professionnel. Sans ces rêves qui ont bercé mon enfance, je n’aurais pas eu le courage de continuer dans cette voie. Un long chemin qui commence à Aubure, qui passe par trois écoles de théâtre, à Colmar puis à Paris, dans lesquelles je rencontre des artistes merveilleux et des amis chers qui m’inspirent toujours aujourd’hui.
Mon rapport au théâtre se complexifie lors d’un voyage au Brésil durant mes études, à São Paulo je découvre le travail de plusieurs compagnies, ils·elle·s travaillent hors des théâtres, s’inspirent des lieux réels, des gens qui y vivent et tirent tous leurs spectacles de ces échanges. Je suis frappé de voir la mixité des équipes artistiques et du public. C’est un théâtre qui va vers les gens et ça marche.
Quand je suis rentré en France, j’eus la chance d’être engagé pendant deux ans dans la troupe d’un CDN, à Tours. J’ai profité de cet écrin pour mettre à l’épreuve ce que j’avais rencontré au Brésil, me l’approprier, l’adapter à travers plusieurs spectacles auxquels j’ai participé et en programmant deux éditions du festival WET°.
Expériences et rêve d’enfance
Avec ces expériences en tête, j’imagine pour le village qui a bercé mes rêves, une fête où le théâtre émerge des jardins, résonne dans les cours, scintille dans les champs et chuchote dans les granges. Un festival de théâtre qui serait proche des gens. Un événement d’envergure mais adapté aux réalités d’un petit village. Construire un espace suspendu, hors du quotidien, où les personnes en soif de culture, les acteur·ice·s non professionnel·le·s, les personnes en quête d’imaginaire, ou tout simplement de divertissement peuvent trouver un souffle.
Alors, en janvier 2024, je décide d’installer une compagnie de spectacle vivant à Aubure qui aura, entre autres, pour objectif de mener à bien ce projet. C’est le Théâtre des Trois Bans, tirant son nom des hauteurs du village. Le Théâtre des Trois Bans regroupe plusieurs artistes originaires de la région que j’ai pu croiser sur mon chemin. Nous partageons les mêmes visions, nous voulons amener un théâtre de qualité et accessible aux gens. Nous voulons dynamiser une présence artistique à Aubure et ses environs et par là, valoriser le territoire, en faire un pôle de création et ainsi rééquilibrer le fossé culturel qui existe entre les pôles urbains et les milieux ruraux. Je voudrais, à mon tour, comme les habitant·e·s d’Aubure ont fait pour moi dans mon enfance, participer à construire les rêves de ceux qui viendront après nous.
Hugo KUCHEL
